Il y avait dans ce matin là une lumière différente. Un je ne sais quoi porteur de joie, une infime particularité qui lui donnait un goût de renouveau. Une résurrection.

La lumière envahissait lentement ma chambre. Les rayons du soleil s’amusaient de mon attente. Ils jouaient avec les ombres de mon désir, tantôt les débusquant, tantôt leur abandonnant quelques recoins secrets.

Puis, timide, un rayon accrocha les fibres de ma couverture. Remontant pesamment le courant de la nuit, les arabesques étincelantes marchaient inexorablement vers la citadelle de mon visage enfoncée dans mon oreiller. Mes mains tremblaient de l’impatience de cet instant unique où les fils d’Hélios les enserrant de leur chaleur, elles retrouveraient la vie perdue depuis une si longue éternité.

Comme une vague submerge le rivage, l’éclatante blancheur mord ma peau déchirant la gangue de sommeil dont elle était encore prisonnière. A ce contact, je redécouvre mes mains, longues araignées blanches capturées au filet du soleil. Je profite de ses caresses qui m’électrisent et prennent possession de mes bras, de mes épaules, de mon cou puis de mon visage. Malgré moi, je ferme les yeux, soumis à l’ineffable pureté de ce jour. C’est à ce moment là que je décide d’être heureux.

Heureux malgré mes jambes qui jamais plus ne me porteront dehors. Heureux malgré cette dépendance insupportable à 40 ans. Heureux malgré les douleurs et les cauchemars sans fin. Heureux du sourire des infirmières, de la délicatesse des aides-soignants et des encouragements des kinés.

Heureux d’être vivant, simplement !

Résurrection

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